La protection

Trop souvent, ce sont les personnes qui ne participent pas aux combats qui souffrent le plus dans les conflits et les autres situations de violence. Elles courent le risque d’être tuées ou blessées en grand nombre, ou peuvent être forcées de fuir à travers des territoires dangereux pour se mettre en sécurité. La violence entraîne la destruction d’habitations, de villages, voire – comme c’est de plus en plus le cas – de villes entières, laissant les gens dans le plus grand dénuement.

La protection prévue par le droit

Lorsque se produisent des violences de grande ampleur, les civils sont extrêmement vulnérables et doivent être protégés. Le CICR veille à ce que les personnes qui participent aux combats respectent les obligations qui leur incombent en vertu du droit international humanitaire. Les États ont notamment la responsabilité de traiter les détenus avec humanité. Le respect de l’unité familiale, de la dignité et de l’intégrité physique et mentale est un autre aspect essentiel de ces obligations.

Le respect du droit

Les difficultés auxquelles se heurte le CICR pour assurer la protection des civils dans les conflits actuels ne sauraient être attribuées à des lacunes du droit humanitaire. Le vrai problème réside dans le fait que ces règles fondamentales ne sont pas respectées par les parties au conflit.

Un collaborateur du CICR explique les règles du droit international humanitaire aux membres d’un groupe armé dans le département isolé de Chocó (Colombie).

Présence et dialogue

Conformément aux Conventions de Genève de 1949 et aux Protocoles additionnels de 1977, les personnes civiles, ainsi que toute personne qui ne participe pas directement aux combats, ne peuvent être attaquées en aucune circonstance. Elles doivent être épargnées et protégées.

Pour contribuer au respect des mesures de protection inscrites dans ces traités, le CICR s’efforce de maintenir une présence constante dans les zones où les civils sont particulièrement menacés. Nous rappelons à l’ensemble des parties concernées les règles qui régissent la conduite des hostilités ainsi que les règles relatives à l’emploi de la force dans les opérations de maintien et de rétablissement de l’ordre.

Sur le terrain

Lorsque nos délégués constatent des violations du droit, ils en informent les autorités et les invitent à prendre des dispositions pour y mettre un terme. Dans la mesure du possible, ils apportent une assistance aux personnes touchées par le conflit. Ils maintiennent aussi un dialogue régulier avec tous les porteurs d’armes, qu’ils soient membres des forces armées, de groupes rebelles, des forces de police, de forces paramilitaires ou d’autres groupes.

Haute diplomatie

Nous agissons aussi aux niveaux diplomatiques les plus élevés pour assurer la protection des civils et des détenus. Les efforts diplomatiques sont souvent axés sur des objectifs humanitaires précis : acheminer de l’aide à des personnes prises au piège dans des zones de combats, obtenir l’accès aux prisons et faciliter la conclusion de trêves humanitaires entre les parties belligérantes. Ces activités, ainsi que d’autres initiatives, contribuent à protéger les droits fondamentaux des personnes que nous cherchons à aider, droits qui comprennent l’accès aux soins de santé et la capacité de gagner sa vie.

Même en temps de paix, le CICR maintient un dialogue permanent avec les forces armées. Nous les encourageons à incorporer les règles du droit humanitaire dans la planification et l’exécution des opérations militaires.

Le CICR s’attache à porter les préoccupations humanitaires à l’attention des plus hauts responsables gouvernementaux. Ci-dessus, le président du CICR, Peter Maurer, s’adresse à la 12e Assemblée des États parties à la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel.

Promouvoir la protection des détenus

Les personnes privées de liberté se trouvent dans une situation extrêmement vulnérable. Cette vulnérabilité est particulièrement aiguë dans les conflits armés et les autres situations de violence, qui peuvent exacerber l’emploi excessif de la force et les problèmes à l’intérieur des prisons.

Le CICR s’efforce donc de prévenir ou de faire cesser les disparitions forcées, les exécutions sommaires, la torture et les autres formes de mauvais traitements. Nous faisons en sorte que les détenus puissent rétablir le contact avec leurs familles et nous agissons pour améliorer les conditions de détention lorsque cela est nécessaire, dans le respect des règles et des normes internationales applicables.

Entretiens en privé

Notre travail en faveur des détenus repose sur des visites régulières dans les lieux de détention. Sur la base de nos constatations, nous soumettons aux autorités des rapports confidentiels et apportons, au besoin, une aide matérielle ou médicale aux détenus.

Pendant leurs visites, les délégués du CICR s’entretiennent avec les détenus en privé. Ils prennent note de leurs noms et d’autres renseignements d’identité pour pouvoir assurer un suivi de leurs cas. Les détenus leur font part des éventuels problèmes humanitaires auxquels ils sont confrontés.

Le CICR s’abstient de prendre position sur les motifs de l’arrestation ou de la capture des détenus. Nous cherchons simplement à faire en sorte que les détenus bénéficient des garanties judiciaires auxquelles ils ont droit en vertu du droit international et de la législation nationale.

Une vision globale

Dans nos activités de conseil aux autorités pénitentiaires, nous examinons non seulement les cas individuels, mais aussi les lacunes à l’échelle du système qui ont des conséquences sur la santé et le bien-être des détenus. Nos conseils aux autorités reposent donc sur une évaluation approfondie du système carcéral, qui englobe la législation, les structures pénitentiaires, les pratiques de gestion, la chaîne d’approvisionnement alimentaire et la qualité des soins de santé dans les prisons.

Des soldats afghans participent, sous la supervision du CICR, à une formation sur le traitement des détenus selon le droit international humanitaire. Le CICR joue parfois le rôle d’observateur pendant les exercices de formation.

Un droit reconnu

Dans les conflits armés internationaux, les Conventions de Genève reconnaissent au CICR le droit de visiter les prisonniers de guerre et les internés civils. Le fait d’empêcher nos délégués d’accomplir leur mission constitue une violation du droit humanitaire. Dans les conflits armés non internationaux, l’article 3 commun aux quatre Conventions de Genève nous autorise à offrir nos services aux parties au conflit. Beaucoup d’entre elles acceptent notre proposition de visiter les détenus, en partie du fait de notre réputation bien établie dans ce domaine. Dans des situations qui n’atteignent pas le seuil d’un conflit armé, nous proposons de visiter les détenus sur la base des Statuts du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

  • Le CICR aide les personnes déplacées et les réfugiés, qui sont souvent contraints de tout abandonner pour fuir un conflit armé ou une autre situation de violence. Ces personnes ont quitté la Syrie pour gagner la Jordanie voisine en 2013.

  • En période de conflit, les enfants sont particulièrement exposés au risque d’exploitation et de violences. À Goma (République démocratique du Congo), une collaboratrice du CICR parle à un jeune garçon dans un centre de transit et d’orientation pour ex-enfants soldats.

Protéger les personnes vulnérables

Au sein de la population civile, certaines catégories de personnes (les femmes, les enfants, les réfugiés et les personnes déplacées) sont spécifiquement protégées par le droit international. Nos efforts de protection de ces groupes vulnérables portent sur le renforcement de leur capacité à faire face. Nous faisons de notre mieux pour donner à ces personnes les outils dont elles ont besoin pour vivre dans la dignité et la sécurité.

Les personnes déplacées

Dans les conflits armés, de nombreux civils sont souvent contraints de quitter leur foyer pour chercher refuge ailleurs dans leur pays. Dans la plupart des cas, les personnes déplacées doivent laisser derrière elles presque tous leurs biens. Il n’est pas rare qu’elles perdent aussi leurs moyens de subsistance. Étant donné l’extrême précarité de leur situation, les personnes déplacées sont parmi les principaux bénéficiaires de notre assistance.

Les réfugiés

Les personnes que leur fuite amène à traverser des frontières internationales et qui sont reconnues en tant que réfugiés ont droit à la protection et à l’assistance de l’Office du Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés. En pareil cas, le CICR joue un rôle d’appui, en particulier lorsque les réfugiés sont protégés par le droit humanitaire. Nous fournissons aussi un service de messages Croix-Rouge qui aide les réfugiés à reprendre contact avec les membres de leur famille dont ils ont été séparés.

Les enfants

Dans les conflits ou d’autres situations de violence, les enfants risquent d’être séparés de leur famille, forcés de quitter leur domicile, tués, mutilés, abusés sexuellement ou exploités. Ils peuvent aussi être témoins d’atrocités commises contre leurs parents ou d’autres membres de leur famille.

En outre, bien que le droit l’interdise, les enfants continuent à être recrutés par les forces armées et par des groupes armés dans certaines régions du monde. Ils portent souvent des armes et participent activement aux combats, ou peuvent être utilisés à d’autres fins qui leur font courir de graves dangers, par exemple pour transporter du matériel.

Les victimes de violences sexuelles

Dans certaines situations de crise, nous fournissons, à l’intention des victimes de viol, des trousses contenant des moyens contraceptifs d’urgence pour éviter des grossesses non désirées, des médicaments antirétroviraux pour prévenir la transmission du VIH, des traitements contre les maladies sexuellement transmissibles et des vaccins contre le tétanos et l’hépatite B. Nous proposons aussi des consultations gratuites aux victimes afin de les aider à surmonter les traumatismes psychologiques dus aux violences sexuelles.

Les femmes et les filles

Le CICR vient en aide à toutes les victimes de conflits, mais les femmes et les filles ont des besoins spécifiques en matière de santé, de protection et dans d’autres domaines, auxquels nous cherchons à répondre dans le cadre de nos activités. Nous insistons sur la nécessité de protéger les femmes et les filles en période de conflit, et nous sensibilisons les combattants au fait que la violence sexuelle, sous toutes ses formes, est interdite par le droit humanitaire.

Nous nous efforçons de faire en sorte que les besoins particuliers des femmes en détention soient satisfaits, conformément au droit international.

Comment j’ai découvert le CICR

Au-delà des premiers secours

Le premier contact d’Antoinette Mkindo Mbila avec le CICR remonte à la fin des années 1990, lorsque la guerre a éclaté dans son pays, la République démocratique du Congo. Elle avait alors 18 ans. « Le CICR aidait des enfants à retrouver leur famille », explique-t-elle.

Près de dix ans plus tard, lorsque la guerre a repris, elle a eu à nouveau l’occasion de voir l’emblème distinctif de la croix rouge. « Je me rappelle ces hommes portant des dossards avec une croix rouge qui se rendaient dans la brousse, où de nombreuses personnes avaient fui à cause des combats, et qui ramenaient les blessés sur des civières. »

Les blessures invisibles

En apprenant à mieux connaître le CICR, Antoinette s'est aperçue qu’il ne s’occupait pas seulement des blessures immédiates, mais aussi des effets physiques à plus long terme et des traumatismes psychologiques causés par la violence.

Antoinette avait déjà fondé une organisation pour promouvoir la santé des femmes et défendre leurs intérêts économiques. En 2008, elle a décidé de suivre l’un de nos cours pour sensibiliser les femmes ayant subi des viols pendant le conflit aux questions de santé et de sécurité.

Depuis, Antoinette a achevé une formation d’assistante psychosociale et a dirigé une maison d’écoute, un lieu où les femmes victimes de violences sexuelles peuvent parler et bénéficier de conseils sans craindre d’être critiquées ni stigmatisées. « Nous avons reçu une excellente formation sur la manière d’identifier les symptômes de la violence sexuelle et de proposer des solutions », assure-t-elle.

Après le tremblement de terre de 2010 en Haïti, le CICR a mis à disposition des téléphones satellitaires pour aider les habitants à rétablir le contact avec leurs proches.

Le rétablissement des liens familiaux

Chaque année, des milliers de familles sont dispersées par les conflits, les catastrophes naturelles ou par le phénomène croissant des migrations. Les personnes qui perdent le contact avec des proches souffrent terriblement de ne pas savoir où ils se trouvent, s’ils sont en sécurité, ni même s’ils sont encore en vie.

Le CICR et les Sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge travaillent de concert, dans le monde entier, pour retrouver des personnes et les remettre en contact avec les leurs. Nous essayons de retrouver des proches, de rétablir le contact, de réunir des familles et d’élucider le sort des personnes portées disparues.

L’Agence centrale de recherches

Ces tâches sont coordonnées par notre Agence centrale de recherches, qui a été créée pour permettre aux membres des familles dispersées par un conflit armé ou par d’autres situations de violence de rétablir le contact entre eux. Des centaines de milliers de nouveaux dossiers – personnes déplacées, réfugiés, détenus ou personnes portées disparues – sont ouverts chaque année. Notre site Web consacré au « rétablissement des liens familiaux » permet aussi à chacun d’enregistrer aisément une demande de recherches dans des situations d’urgence.

Pour en savoir plus, www.familylinks.icrc.org

Comment j’ai découvert le CICR

Un ancien prisonnier trouve des réponses

Patricio Bustos en est convaincu : lorsqu’il a été emprisonné en 1975 sous la dictature militaire au Chili, ce sont les visites d’un de nos délégués qui lui ont permis d’échapper au sort tragique d’un grand nombre de ses compatriotes.

« Le fait que le CICR m’ait enregistré et ait informé ma famille que j’étais en vie a contribué à ce que j’aie la vie sauve », assure-t-il. Plus de quarante ans plus tard, Patricio Bustos dirige le Service médico-légal du Chili, dont l’une des principales tâches consiste à aider les familles à obtenir des réponses sur le sort de leurs proches disparus. Le Service médico-légal chilien est devenu un modèle pour d’autres États qui ont recours à la médecine légale pour identifier les restes de personnes disparues. Le CICR est un partenaire essentiel dans ces activités ; il a notamment contribué à l’identification des victimes du tremblement de terre qui a frappé le Chili en 2010 et des 81 personnes décédées dans l’incendie qui est survenu dans une prison de Santiago au cours de la même année.

Sa collaboration avec le CICR a amené Patricio Bustos à apprécier davantage encore l’étendue de notre engagement humanitaire. « Avant que le CICR ne me rende visite en prison, je connaissais son fondateur, Henry Dunant, et le travail de l’organisation en temps de guerre. Mais j’ignorais tout des visites aux détenus », reconnaît-il. Après la fin de la dictature, en 1990, le CICR a pu, grâce à son soutien constant et à sa position neutre et impartiale, gagner la confiance du public à l’égard des activités d’aide aux familles de disparus. Une partie de notre travail consiste à rappeler aux États, aux forces armées et aux groupes armés leur obligation, tant morale que légale, de fournir des informations susceptibles d'aider les familles à savoir ce qu’il est advenu de leurs proches disparus.

Les disparus : le droit de savoir

Au regard du droit international humanitaire, c’est aux États qu’incombe au premier chef la responsabilité d’empêcher les « disparitions » et de répondre aux besoins des familles. Nous donnons aux gouvernements des conseils sur la manière d’enquêter sur les cas de disparition. Nous aidons aussi, en parallèle, à la prise en charge des restes humains et apportons notre concours aux enquêtes médico-légales menées pour identifier les morts. Tout au long du processus, nous offrons notre aide aux familles qui cherchent désespérément des réponses.

Comment j’ai découvert le CICR

Ce n’est là qu’un exemple parmi d’autres de la manière dont des personnes, partout dans le monde, en arrivent à découvrir le CICR. Il montre aussi comment des collaborateurs tels que Patricio Bustos travaillent avec les communautés locales pour trouver de nouvelles manières d’atteindre notre objectif fondamental : soulager les souffrances causées par la guerre. Cette brochure vous permettra de découvrir le CICR à travers des témoignages comme celui de Patricio et de brèves explications sur ce qu’est vraiment le CICR et sur ce que nous faisons – comment, quand, où et pourquoi.